Méthodologie de cartographie

Quelques notions concernant le langage cartographique :
Une carte est une représentation de la réalité. Autrement dit, il s’agit de rendre présent ce qui ne l’est pas. Elle est donc forcément une interprétation de la réalité. De nombreuses cartes à travers les âges ont servi des buts éminemment politiques (qu’il s’agisse de revendications territoriales, de propagande identitaire ou autre). Les premières cartes précises furent d’ailleurs les carte d’Etat-major (de l’armée) [Voir les travaux du géographe Yves Lacoste].
Une carte est généralement une oeuvre professionnelle, pour la cartographie au lycée, on emploie plutôt le terme de « croquis ».
Ce croquis doit non seulement décrire des réalités mais aussi les agencer de façon intelligible pour celui qui observe la carte. Il s’agit autant de décrire que de raisonner donc.
En quelque sorte, un bon croquis permet de saisir d’un seul coup d’oeil les traits forts d’un territoire, de comprendre les dynamiques aussi. En effet, plus qu’une image figée, une carte (ou un croquis) représente des forces en mouvement (représentées par les flux et les fronts).

« On reconnaît l’ouvrier à ses outils » (adage) :
Certains instruments sont à éviter voire à bannir de votre matériel de cartographie :

-Les feutres « fluo » sont notamment à proscrire : ils abîment le support papier, offrent un effet peu esthétique. Il arrive parfois qu’on s’en serve pour délimiter une zone, mais attention : la couleur change en fonction de la couleur du fond…
-Les feutres autres que les feutres d’écriture, notamment pour les à-plat de couleurs (figurés zonaux), sont à éviter. A la limite, on peut s’en servir pour certains figurés ponctuels ou linéaires mais eux aussi changent de couleur en fonction de celle du fond.
-Les feutres (y compris les feutres fins) ainsi que le stylo plume doivent être utilisés avec prudence à cause des taches qu’ils peuvent laisser. Le stylo plume est à réserver à la légende.
-Le blanc correcteur (y compris en bandelettes) est interdit (sauf en cas de force majeure du type fin d’épreuve et impossibilité de faire autrement : la nécessité lève l’interdiction).
D’autres instruments sont nécessaires (ou du moins très utiles) :
-Le porte-mine (préférable à un crayon de bois, même bien taillé) est l’outil n°1, il permet un dessin soigné, précis et correctible.
-Les crayons de couleurs (une boîte d’une douzaine suffit) sont nécessaires pour des raisons évidentes (notez qu’il faut malgré tout être soigneux, l’outil ne fait pas tout).
-Les feutres fins (mine 0.5) représentent la base pour ce qui est de la nomenclature (voir plus bas) et de la légende.
-Un normographe de formes est un outil qui vous évitera bien des désagréments et vous facilitera les choses pour établir votre croquis.
-Une gomme, un taille-crayon et des mines sont nécessaires bien entendu.
Les composantes obligatoires d’une carte (ou d’un croquis) :
-Toute carte comporte un titre bien visible et clair, pas trop long et ne contenant pas de verbe conjugué.
-Une orientation est nécessaire (une flèche avec un « N » indiquant le nord est suffisante), celle-ci doit se trouver sur la carte (dans le même cadre que l’espace représenté) et non sur la légende.
-Il faut aussi une échelle. Elle est généralement donnée, mais dans le cas contraire, il est aisé de l’établir : l’espace à cartographier vous est connu, vous savez donc quelle est la distance entre deux points donnés de cette carte (cela peut être entre deux villes, entre les extrémités du territoire considéré…). Mesurez-la sur la carte et ensuite établissez une échelle du type 1cm=x km.
-Une nomenclature est aussi un passage obligé : qu’il s’agisse des principales villes, des régions-moteurs, du nom d’un phénomène ou des noms des Etats ou continents, il faut que des noms apparaissent sur votre croquis. A vous de savoir les doser pour ne pas rendre votre carte illisible, ni muette… NB : la nomenclature s’inscrit TOUJOURS à l’horizontale à l’exception notable des fleuves ou de phénomènes suivant l’axe vertical ou diagonal de la carte.
-Une légende est non seulement nécessaire, mais elle doit avoir la forme attendue : la légende est tout autant un critère de notation que le croquis en lui-même.
Dans quel ordre procéder ?
-Tout d’abord, il faut réfléchir ! En effet, même si vous connaissez très bien les cartes de référence, le titre de ces dernières peut différer (même très légèrement) de l’intitulé du sujet qui vous est donné. Autrement dit, ne plaquez pas une carte apprise sur un sujet approchant.
-Jetez sur le brouillon les différents éléments que vous souhaitez faire figurer sur le croquis (durant cette phase, gardez en tête l’intitulé du sujet pour éviter le hors-sujet).
-Classez les éléments en établissant un plan de légende (cette dernière DOIT être hiérarchisée).
-Réfléchissez aux solutions graphiques à appliquer.
-Passez à la réalisation graphique en vous appliquant pour ne pas avoir à recommencer (la perte de temps serait très pénalisante).

La légende :
Comme signalé plus haut, elle doit être organisée. Il faut toutefois éviter certains écueils :
-Vous ne devez pas faire une partie sur les figurés surfaciques, une autre sur les figurés linéaires, une autre sur les figurés ponctuels. Cela est artificiel et généralement inapproprié.
-Vous ne devez pas rédiger de légende déséquilibrée : chaque partie doit contenir à peu près le même nombre de figurés.
-Vous ne devez pas donner de titres à rallonge aux parties de votre légende.
-Vous ne devez pas écrire la nomenclature de votre légende dans la couleur des informations figurant sur la carte.

Une bonne légende doit être :
-Claire.
-Avec des titres concis mais évocateurs.
-Organisée de façon à établir une véritable réflexion/argumentation.
-Ecrite lisiblement (préférez le script d’imprimerie à l’écriture liée) et proprement.
-Ecrite avec la même encre.
-VISIBLE EN MÊME TEMPS QUE LA CARTE : cela signifie que la légende doit être réalisée sur la feuille généralement prévue à cet effet et non sur une autre page, ou pire, au dos de la carte.

Le croquis et les figurés :
Notez bien qu’un bon croquis doit être clair, soigné (l’aspect esthétique entre bien sûr dans les critères de notation), qu’il doit aussi être contrasté : il faut s’interdire une carte entièrement en tons pastels, faute de quoi les dynamiques des territoires seront difficilement lisibles.
NB : un simple coup d’oeil sur la carte suffit généralement à évaluer à quel genre de croquis on a affaire (lorsqu’on est correcteur), soignez cette première impression (et rappelez-vous que toute notation est subjective).
Il existe trois types de figurés :
A) Les figurés surfaciques :
Ce sont ceux qui représentent des informations étendues dans l’espace. Ce sont les plus visibles sur le croquis, il faut donc les soigner. Il est évident que ce sont les figurés par lesquels on commence.
Pour hiérarchiser une information avec ce type de figurés, vous avez deux possibilités majeures :
-Un crescendo dans la chaleur des couleurs.

Il faut alors garder les couleurs froides pour des informations à séparer des autres (marges…). Notez également qu’il vaut mieux que ces marges soient de couleur claire, sinon elles risquent d’apparaître comme très importantes sur le croquis (elles risquent de sauter aux yeux).
-Un camaïeu d’une même couleur.

Attention ici au pouvoir couvrant du noir et à l’illisibilité de la nomenclature et des figurés sur un fond de cette couleur.
Notez aussi qu’il est possible de superposer des figurés surfaciques : on utilise alors des hachures (plus ou moins épaisses, plus ou moins serrées).
B) Les figurés linéaires :
Ils représentent soit des réseaux, soit des flux, soit des fronts.
L hiérarchisation de ces figurés se fait en modulant l’épaisseur des lignes ou des flèches (ici le normographe de formes s’avère très utile). Pour des raisons esthétiques, il vaut mieux tracer les lignes et flèches épaisses au porte-mine puis de les colorier au crayon de bois. NB : on peut dessiner les contours des lignes et flèches épaisses au feutre fin, pour un effet esthétique plus abouti.
NB’ : si on a épuisé les épaisseurs de lignes et flèches, on peut utiliser, pour les figurés linéaires les plus fins, des lignes discontinues (pointillés).
C) Les figurés ponctuels :
-Les représentations imagées sont INTERDITES ! (petits avions pour les aéroports, têtes de vaches pour l’élevage ou encore petits épis pour les cultures créalières…).
-Ces figurés représentent les phénomènes ayant une emprise spatiale faible.  On peut là aussi quantifier en proportionnant les figurés avec la quantité représentée. Ex. : des cercles de taille croissante pour représenter des villes de plus en plus peuplées.
-Notez bien qu’il est possible de représenter plusieurs catégories proches avec le même figuré… Ex. : métropole importante/capitale en soulignant le nom de la ville dans le second cas. Notez bien qu’il faut alors distinguer les deux dans la légende…

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