Méthodologie de composition

Une composition est une réflexion historique ou géographique menée sur un sujet donné ; elle n’est donc pas une récitation de leçon, ni une juxtaposition de connaissances. Il s’agit bel et bien de travailler un sujet pour y apporter une réponse. Bien sûr, la connaissance des leçons (structure, arguments, faits et exemples) est une nécessité pour réussir une composition. La méthode est non seulement un critère de notation à part entière, mais aussi une aide précieuse pour vous guider dans votre travail et savoir où vous allez. La méthode vous évite aussi de travailler à l’aveugle et d’être surpris(e) par la note reçue. Bien sûr, chacun a sa méthode, généralement éprouvée. Mais autant s’en tenir à une seule façon de faire : je tiens celle-ci de l’ensemble de mes propres professeurs (pas seulement d’histoire-géographie d’ailleurs) du lycée et de l’université, elle a le mérite d’avoir été testée pour vous par moi-même et si je suis votre professeur, c’est qu’elle est un tant soit peu efficace.

Par où commencer ? (Ou du bon usage du brouillon) :
Le temps imparti pour rédiger une composition est généralement de 2h30. C’est très peu si l’on sait quoi dire. Il faut donc gérer son temps intelligemment. Pour ce faire (et paradoxalement pour gagner du temps), vous devez prendre 10 minutes de réflexion pour cerner le sujet. Ce temps n’est pas passé à ne rien faire comme le croient certains élèves : c’est ce temps qui va vous faire avancer plus vite et mieux.
Cerner le sujet, c’est réfléchir à ce qu’a voulu dire (et faire dire) celui qui l’a rédigé. Il faut bien analyser les termes, délimiter ce à quoi ils renvoient (et ne renvoient pas, afin d’éviter le hors-sujet). Ces premières minutes se déroulent de préférence sans stylo en main.
Une fois ces 10 premières minutes passées, saisissez votre brouillon et entamez le travail écrit :
-Premièrement, jetez sur le brouillon toutes les idées, arguments et exemples qui vous semblent utiles pour répondre au sujet. Cette première feuille de brouillon représente votre boîte à outils, celle dans laquelle vous allez piocher pour réaliser votre plan. Gardez cette première feuille par devers vous tout au long de l’élaboration de votre composition, n’hésitez pas à y insérer des éléments oubliés qui vous reviendraient en tête en cours d’exercice.
-Deuxièmement, tentez de composer un plan au bas de cette première feuille.
-Troisièmement, prenez une deuxième feuille de brouillon dans le sens de la longueur (format paysage si vous préférez) et divisez-la en autant de colonnes que vous avez de grandes parties (voir la rubrique « le bon plan » ci-dessous). Ensuite, répartissez les éléments de la première feuille de brouillon dans ces colonnes en essayant de les faire correspondre à des sous-parties (voir la rubrique « le bon plan » ci-dessous).
-Quand vous aurez terminé ce travail, vous pourrez passer à la rédaction, sur une dernière feuille de brouillon, de l’introduction (voir la rubrique « L’introduction d’une composition »). C’est seulement à l’issue de ce travail que vous pourrez enfin passer à la rédaction au propre. Vous remarquerez que seule l’introduction doit être rédigée au préalable au brouillon, rédiger autre chose pour le recopier ensuite est une perte de temps que vous ne pouvez pas vous permettre.
Le bon plan :
Si je ne commence pas par l’introduction, c’est pour une raison simple : on la rédige APRES le plan, donc commençons par celui-ci…
Un bon plan est :
-équilibré (ses parties sont de même taille, ses sous-parties aussi)
-étoffé (un argument -au minimum- par sous-partie et un exemple par argument -au minimum-)
-éclairant (dans la mesure où il permet de répondre au sujet de façon argumentée) ; en ce sens, le plan n’est pas une juxtaposition de parties sans lien entre elles mais bien une trame évolutive qui permet d’approcher une réponse en accumulant des arguments abondant dans le même sens.
Nous appellerons cela la règle des trois « é ».
NB : les titres des parties et sous-parties n’apparaissent pas dans le corps du devoir rédigé. Certains correcteurs le tolèrent mais d’autres y sont allergiques, ne prenez pas de risque ici.
A de nombreuses reprises relisez le sujet ou repensez-y durant l’élaboration de votre plan : cela vous permettra d’y répondre efficacement et de ne pas vous éloigner du sujet (rappelez-vous que le hors-sujet vous vaudra une note sous la moyenne de façon systématique).
L’introduction d’une composition :
Vous avez maintenant l’ossature de votre composition, il est temps de la recouvrir de chair. On commence par la tête : l’introduction.
Ne négligez pas cette partie : elle donne la première impression à votre correcteur, comparez cela à un rendez-vous amoureux et vous comprendrez combien elle est importante.
De plus, l’introduction permet de lancer la réflexion et de lui donner une direction : ne vous trompez pas ici, c’est le meilleur moyen de rater sa composition. Une éminente professeur d’université me disait quand j’étais son étudiant qu’elle pouvait déterminer à un ou deux points près la note d’une copie rien qu’en lisant l’introduction et qu’elle s’était rarement trompée au moment d’attribuer une note définitive après la lecture de la copie in extenso. J’ai fait le même constat depuis plusieurs années.
L’introduction est composée de quatre parties ou paragraphes. Vous ne devez pas l’expédier en deux phrases, il est important de la soigner:
-Premier paragraphe (interchangeable avec le deuxième) :
Le contexte. C’est-à-dire : où, quand, quoi/qui. En géographie, le « où » est l’interrogateur le plus important, en histoire c’est le « quand ». Attention, il ne faut pas remonter trop loin dans le passé en histoire, ni nous expliquer par le menu ce qu’est l’Amérique en géographie. Ce qu’il faut dans ce paragraphe, c’est présenter du contexte ce uqi fait sens pour la suite de la démonstration (je rappelle qu’à ce moment là, vous savez normalement tout ce que contiendra le devoir).
-Deuxième paragraphe (interchangeable avec le premier) :
La définition des termes du sujet. Il s’agit de donner une définition des termes importants contenus dans le sujet. Cette phase de définition reprend les conclusions tirées lors des 10 minutes de réflexion du début. Vous partez de ces définitions pour vous diriger vers la phase suivante : la problématique.
Attention, trop souvent la problématique intervient sans lien avec ce deuxième paragraphe. Un conseil qui devrait vous accompagner partout : unifiez votre définition et votre problématique. Cette dernière est contenue en germe dans les définitions : il s’agit de contradictions internes, de problèmes sous-tendus par la définition des termes du sujet.
- Troisième paragraphe :
La problématique. L’ennemie de nombreux élèves, la problématique n’est pourtant pas difficile à apprivoiser si l’on s’y prend avec méthode. Tirez de vos définitions ci-dessus un problème géographique ou historique qui servira de fil conducteur à votre composition. Mettez-le sous forme d’une question simple. NB : la problématique n’est pas une simple mise sous forme interrogative du sujet, vos définitions vous permettent désormais d’aborder le sujet sous un angle neuf, c’est cet angle que représente la problématique.
-Quatrième paragraphe :
L’annonce du plan. Il faut ici faire preuve de doigté : l’annonce du plan reprend les titres de vos grandes parties, mais il est hors de question d’écrire des phrases telles que ‘nous verrons dans une première partie, puis… » ; préférez des formules telles que : « nous étudierons successivement… » ou « les différentes parties de cette étude aborderont respectivement… »
Ainsi, l’introduction est longue de quatre paragraphes et d’une quinzaine ou une vingtaine de lignes. Soignez particulièrement l’orthographe et la syntaxe dans ces quelques lignes ; encore une fois, il s’agit de votre première impression…

La rédaction :
Vous venez de terminer vos brouillons. Une heure environ s’est écoulée depuis le début de l’épreuve ou du devoir. Vous allez passer à la rédaction…
-On vous a souvent conseillé de ne pas écrire comme vous parlez : il s’agit surtout de ne pas écrire dans un registre familier. Le malheur pour beaucoup d’élèves est qu’ils croient que le langage écrit est une sorte de langue étrangère qu’ils ne connaissent pas, une langue savante plus ou moins mourante et parlée par quelques érudits. Rien de plus faux : vous devez rédiger clairement, de façon intelligible et en ne faisant pas de trop longues phrases. Ne compliquez pas les choses : plus vous ferez simple, plus vous serez compris(e) et votre devoir semblera couler de source.
Bien entendu, vous devez donner une forme à votre devoir :
-L’introduction et ses quatre paragraphes doivent être séparés du corps du développement. (NB : qui dit paragraphe, dit alinéa mais pas de saut de ligne). Entre l’introduction et le développement, un saut de deux lignes (marquées par trois astérisques en triangle) est nécessaire.
-Le développement : divisé en deux ou trois grandes parties, elles-mêmes composées de 2 ou trois sous-parties (attention 2 X 2 est un plan trop léger au niveau du lycée).
Chaque grande partie commence par un paragraphe court qui sert d’introduction partielle : c’est une phrase qui présente la grande partie et ses sous-parties (je rappelle qu’on ne doit pas écrire les titres et sous-titres).
Ensuite chaque sous-partie est un nouveau paragraphe.
A la fin de chaque grande partie, un court paragraphe sert de conclusion partielle ou de transition : il résume les apports de la grande partie et fait le lien avec la suivante.
Chaque grande partie est séparée de la suivante par un saut de ligne.
Enfin, le développement est séparé de la conclusion (voir « conclure » ci-dessous) par un saut de deux lignes marqué par les mêmes astérisques que précédemment.
Attention aux exemples !
Les exemples ne sont pas juste des évocations rapides, ils doivent être développés. Il faut dire de l’exemple ce qui est intéressant en rapport avec le sujet et en quoi il est significatif vis-à-vis de votre argumentation.
Conclure :
La conclusion est une sorte de résumé de ce que vous avez dit, puis une réponse au sujet.
Elle se compose de quatre paragraphes :
-Le rappel du sujet/de la problématique.
-Le résumé des grandes parties (ce qu’on y a appris).
-La réponse au sujet tirée de ce résumé.
-L’ouverture. Celle-ci est en fait une nouvelle question née de la réponse à celle posée par le sujet. Il ne faut pas créer de faux suspense : j’ai déjà lu en ouverture « on peut se demander comment va finir la Seconde Guerre Mondiale »… Vous devez juste emmener le sujet plus loin en prolongeant la dynamique réflexive induite par votre composition.

NB : la méthode ci-dessus est destinée aux élèves des classes de terminale L et de terminale ES.

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